Les champs de l’espoir

Bana ya Kivuvu est propriétaire de deux champs qui ont été acquis en vue d’intégrer leur exploitation dans la vision globale de l’œuvre dont les activités visent essentiellement à l’accueil, la prise en charge et la réinsertion sociale d’une population particulièrement fragilisée et défavorisée : les enfants de la rue de Kinshasa ainsi que les femmes qui vivent de la prostitution.

Le premier champ (à Wassa), situé à une vingtaine de kilomètres de Kinshasa, a été acheté en 2009. Sa surface était de 22 ha. Une année plus tard,  4 ha supplémentaires ont pu y être ajoutés, permettant ainsi un accès direct à une rivière. Il s’est avéré que le terrain n’est finalement pas très propice à une bonne exploitation. Dans le passé, il avait été occupé par une forêt, ce qui demande un très gros travail de défrichage. En plus, c’est un terrain en bonne partie accidenté avec beaucoup de collines ce qui n’est pas très favorable  à des cultures agricoles et maraîchères.

Le deuxième champ d’environ 200 ha se trouve à 220 km au nord-est de Kinshasa sur le Plateau de Bateke. Il a pu être acquis en janvier 2012 pour un montant de 15000 dollars US représentant le produit  de la vente d’un camion offert par des amis en France. Il s’agissait là d’un prix exceptionnel obtenus après d’utiles marchandages par maman Hélène, directrice de Bana ya Kivuvu. En décembre de la même année, une surface contiguë de 73 ha a encore pu être achetée, ce qui permet également d’avoir un seul lot d’une surface globale d’environ 280 ha avec accès à une rivière, offrant ainsi d’intéressantes possibilités d’exploitation. Cette région de Bateke est idéale pour l’agriculture et la majeure partie du champ est plate. Lors du traçage de la propriété, il a été découvert une savane sans arbres qui facilitera les diverses cultures. Très rapidement du riz de montagne y a été semé.

Jusqu’ici (début 2013), divers travaux ont été réalisés et les récoltes obtenues dans les deux champs sont dans l’ensemble prometteuses pour l’avenir. Dans le premier champ à Wassa plusieurs hectares ont été défrichés et dessouchés. Pendant les trois premières années, les travaux étaient assez infructueux. Mais en 2012, on a pu y récolter du manioc, des niébés et du maïs. Ainsi le manioc cultivé a permis de nourrir pendant deux mois l’ensemble des enfants, femmes et membres de l’équipe. On a même eu assez pour offrir huit repas aux 180 jeunes de la prison de Kinshasa qui sont visités chaque semaine par l’association en vue d’un travail d’évangélisation et d’aide pratique (distribution de repas, habits, etc.).

Sur le grand champ du Plateau de Bateke diverses cultures ont pu être mises en route à l’aide d’un tracteur loué avec lequel environ six hectares ont été labourés. D’ailleurs, une demande a été adressée aux autorités en vue d’obtenir gratuitement un tracteur dans le cadre d’une aide gouvernementale en faveur d’exploitations agricoles de grande surface. L’association espère qu’une réponse favorable soit accordée à cette démarche.

Dans un premier temps, l’accent est mis sur la culture de manioc sans négliger d’autres initiatives au niveau maraîcher. En effet, à proximité de ce terrain se trouve une grande ferme avec une surface de terrain de 3000 ha. Diverses infrastructures et une installation de transformation du manioc s’y trouvent et les contacts avec la propriétaire ont permis d’envisager la vente du manioc à cette ferme qui prendrait en charge son traitement et son écoulement grâce à des structures appropriées. Depuis son acquisition, trois cases ont pu être construites sur ce terrain appartenant à Bana ya Kivuvu et divers travaux ont été réalisés en particulier avec l’aide de jeunes ayant grandi à la Maison de l’Espoir. Une contribution précieuse en conseils et implication pratique est venue d’un jeune suisse, Timothée Grisel, qui y a passé plusieurs semaines en hiver 2012/13.

Revenons à la vision de départ par rapport à l’exploitation de ces deux champs. Les cultures devront permettre dans un avenir plus ou moins proche d’alimenter en nourriture  les différentes maisons de Kinshasa. Le surplus de la production pourra être vendu au marché et permettra de couvrir partiellement les dépenses importantes de l’œuvre qui concernent principalement les salaires des collaborateurs(trices) et la prise en charge des enfants et des femmes, sans parler d’autres dépenses régulières qui concernent le fonctionnement de l’ensemble de cette grande organisation.  A plus longue échéance, on devrait probablement pouvoir couvrir l’ensemble des besoins financiers. Cela pourrait permettre une éventuelle extension de l’œuvre selon les besoins ainsi que de la vision par rapport aux buts initiaux de Bana ya Kivuvu.

Mais un des piliers des projets d’avenir concerne l’engagement, la formation et la rétribution matérielle d’ouvriers qui pourront ainsi bénéficier d’une meilleure situation économique et sociale combien nécessaire dans le contexte de ce grand pays du Congo touché par tant de misère. Cette main-d’œuvre sera issue principalement des jeunes ayant grandi dans les maisons d’accueil de l’association ainsi que de la prison. Très concrètement, on imagine la mise sur pied de structures adéquates pour développer des cultures vivrières sur une grande échelle (manioc, riz, maïs, légumes, etc.), pour pratiquer l’arboriculture (mangues, ananas, café, palmiers à huile, etc.). Le contexte se prêterait aussi à l’élevage (bovins, chèvres, volailles, porcs, etc.), sans parler de projets touchant à la sylviculture, la pisciculture, l’apiculture et d’autres activités possibles. La transformation de divers produits pourrait conduire au développement d’autres corps de métier (p.ex. menuiserie, séchage, boucherie, ateliers mécaniques, etc.). On se met à rêver de pouvoir offrir des places de travail et de formation en faveur de jeunes de Kinshasa qui ont connu dans leur passé la rue, la souffrance physique et psychique, la prison.

Dès le début de l’œuvre, Bana ya Kivuvu a résolument voulu faire confiance à Dieu. Ce principe reste valable aussi par rapport à ce champ. Les responsables sont conscients qu’ils ont besoin de sagesse et d’une direction claire afin de bien gérer les activités liées à cette nouvelle étape..